Depuis quelques mois, nos éditoriaux abordent des thèmes généraux, mais qui s’appliquent pourtant à la vie quotidienne du village, à notre vie en commun ; ils nous proposent souvent de faire un effort, d’organisation pour certains, d’ouverture pour d’autres, ouverture à l’autre, voisin, commerçant local, école, paroisse, tous les lieux de vie.

En avril, nous avons abordé la banalisation du bon sens. En mars, l’importance d’admirer son environnement. En février, le danger des réseaux. En septembre 2024, un autre danger, la fin de la conversation au profit du smartphone. Et en janvier 2024, l’ivresse de la marche.

Le présent éditorial propose une réflexion de Leo Bormans, auteur d’un ouvrage sur le bonheur.

À l’écoute des témoignages recueillis partout dans notre monde, à la question « Qu’est-ce que le bonheur ? », il apporte la réponse « Ce qui rend heureux n’est pas la compétition, mais la coopération ».

Il commence par observer une évolution, un mouvement passant du « je » (1re phase) au « nous » (2e phase).

En effet, après la Seconde Guerre mondiale, le discours dominant était celui du bonheur (individuel) à travers le succès, l’argent, les biens matériels. Mais, en même temps, les enquêtes démontrent que ce système centré sur le moi, l’ego, n’empêche pas un tiers des personnes de ressentir des émotions négatives, comme la peur, l’inquiétude, la colère ou le stress.

Il apparait que la famille, les collègues, les amis sont essentiels : le bonheur n’est donc pas un bien individuel et il relève aussi du social ; c’est le « nous » qui est important.

Il s’agit alors d’un « nous » restrictif – moi et ma famille, mon pays, mon entreprise, etc. – un « nous » par opposition à « eux ».

Il constate qu’aujourd’hui, nous sommes dans une 3e phase, celle d’un « nous » différent, plus global, le « nous tous », « tous » comprenant notre monde et tout ce qui le peuple.

Cette 3e phase est celle de la transition vers un bonheur durable, nous comprenons que l’on ne peut pas être heureux dans un monde qui ne l’est pas. L’état des forêts, la guerre, les virus : tout cela influence notre bonheur. Nous sommes interconnectés et ce n’est pas la compétition qui nous rend heureux.

C’est la coopération, tant avec mes amis qu’avec ceux que je ne connais pas partout dans le monde, qui me rend heureux.

La London School of Economics traite aussi de ce sujet, le bonheur. Trois niveaux sont identifiés : la vie agréable (se sentir bien), l’engagement (agir), le sens (pour nous, pour les autres, pour les générations futures).

De ce point de vue, le bonheur, c’est se sentir bien en faisant le bien. Il nous reste maintenant à nous interroger individuellement et collectivement. Comment, dans notre village, allons-nous réussir cette coopération qui rend heureux ?                                                                                                 

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