Cette franche taverne, comme la plupart des débits de boissons, était désigné sous le nom du tenancier; ici un certain Georges de Quatrefossez.

Tout comme la Grande Maison, la taverne des Quatre-Fossés sert à la fois de cabaret, de brassine et commerce de bières, de siège des assemblées publiques, de lieu de réunion de la cour échevinale et des ventes publiques mais en l’espèce également de prison.

Il s’agit d’une franche taverne relativement importante dans la mesure où elle sert également de centre administratif, judiciaire et « distractif » aux seigneuries voisines (Wez i.e ; Pallandt et Bourdau).
Chacune des ces trois seigneuries dispose cependant de son maïeur et échevins de même que de son greffe.

Comme l’exprime d’une manière imagée un texte datant de 1720 :

« les dittes trois courts estant soubs le même cloche »

En 1680 après Georges de Quatrefossez c’est Jean Jacquet qui exploite les lieux en sus d’une brassine et d’une ferme de 2 hectares environ.

En 1692 Guillaume Le Rousseau, seigneur de La Motte se sépare et cède la maison et la taverne de la Motte en arrentement perpétuel à Jean Saublain le locataire d’alors. La rentabilité de la brassine agaçait les consommateurs et l’autorité.

En 1710 elle impose à Jean Saublain, sous peine d’amende, un prix maximum du pot de bière.

La franche taverne passe ensuite à son fils Jean-Pierre Saublain, puis à la fille de ce dernier Marie-Jeanne épouse de Nicolas Brasseur.
Ils l’exploitent au moins entre 1759 et 1779 puis cèdent l’usufruit à leur fille Marie-Joseph Brasseur et leur gendre Glibert Lempereur.

A la fin de l’Ancien Régime les activités officielles sont concentrées à l’administration communale au centre de Bousval.
Glibert Lempereur s’occupe et développe alors essentiellement son activité agricole. Il meurt en 1816 et sa veuve en 1819.

Le site de l’ancienne franche taverne est alors partagé entre les deux héritiers Célestine et Jean-François Lempereur.
La première hérite de la taverne et le second des autre bâtiments à savoir ceux « ayant servi à une brasserie à bière, un atelier de charron et tous les autres bâtiments sur la même ligne » en bordure de la Cala ainsi que « la juste moitié de la cour et du jardin ».
Jean-François revendra son bien en 1820 à Bernard Milhoux.

En 1830 deux propriétaires différents se partagent toujours le site de l’ancienne franche taverne.
Pour la partie située dans l’angle formée par la Cala et le grand chemin de Genappe il s’agit d’un maréchal ferrant au nom de Célestin Gérard.
La seconde partie, l’ancienne franche taverne, reste la propriété de Célestine Lempereur.

(Bibliographie : Le Lothier roman revue d’histoire publiée par le Cercle d’histoire et d’archéologie du Pays de Genappe.)

La franche taverne de La Motte : petite description des lieux

Il s’agissait d’une humble demeure à petites fenêtres avec abat-jour, sans étage et coiffée de chaume, prolongée par une grange aux murs de torchis et à la charpente athlétique.

La taverne était une vaste pièce autour de laquelle courait un banc de maçonnerie recouvert d’une planche de chêne.
Le plafond était traversé de plusieurs poutres entre lesquelles se rejoignaient de petites voûtes.
Dans la cheminée, derrière les chenets, se trouvait une taque portant la date de 1706 et représentait avec humour, une scène de ménage (un homme et une femme se disputant la culotte dans laquelle ils ont l’un et l’autre introduit une jambe ; la femme pince l’oreille du mari tandis que le chien aboie aux genoux de son maître.
Au-dessus, en guise de sage conclusion à cette fable éternelle, un coq qui mange tranquillement pendant qu’une poule s’évertue à chanter.
Surmontant cette représentation allégorique, deux mots « Prézage malheureu ».

Deux siècles et demi plus tard, le toit de chaume a disparu et la bâtisse s’est élevée d’un petit étage qui a reçu les châssis des anciennes fenêtres du rez-de-chaussée.
La vaste pièce de la taverne est maintenant coupée par un corridor mais elle a gardé son banc de maçonnerie et la taque de l’âtre.
La porte de droite du corridor est à double pendaison permettant ainsi son rabattement complet contre le mur et porte le nom d’un ancien propriétaire, Gilbert Lempereur, gravé dans une traverse (vers 1800) ainsi que le lion néerlandais brûlé au fer chaud et qui était la marque attestant de la permission officielle de brasser et de vendre.

Au dessus de cette porte, se trouve encore une collection de mesures officielles des anciennes tavernes dûment poinçonnées (en poterie de Bouffioulx) : un litron, un demi-litron, une « kan », des pintes, un pichet ainsi qu’un service en étain datant de 1720.

Au bord de la rivière, l’ancienne brasserie n’est plus qu’une remise chancelante où se trouve l’authentique crémaillère ainsi qu’une curieuse balance romaine.
Le colombage des murs a perdu son torchis au profit de briques mais la vétuste charpente résiste depuis 1705, année de sa construction.