La libération de Bousval par les troupes américaines aura lieu le 4 septembre 1944, mais …

Depuis le 6 juin 1944,

jour du débarquement, la tension est vive dans la région : dans le bois de la Tassenière, un train déraille suite à un sabotage, des poteaux téléphoniques sont sciés et basculés sur les voies de chemin de fer ; un soldat allemand logé à Bousval est tué à Ways.

Les anciennes tanneries de Noirhat (actuellement Constructions D’Haeyère et deux garages) avaient été réquisitionnées et aménagées en usine de traitement de pièces d’aviation Messerschmidt. Des avions endommagés y étaient amenés par train et démontés. De nombreux Bousvaliens réquisitionnés y travaillaient, menant un sabotage passif et systématique.

Après le 15 août,

des Bousvaliens sont sommés de creuser des trous anti-tank, l’un en face de l’ancienne maison du docteur Dethier, au croisement de l’avenue des Combattants et de la rue de la Croix et l’autre, une tranchée en zigzag, dans le talus de l’actuelle propriété de Xavier Jacobs, avenue des Combattants à Noirhat.

Dimanche 3 septembre 1944

Le matin, on assiste à l’arrivée d’un gros contingent allemand en repli (camions et véhicules en tous genres) qui s’installe dans le centre du village.
L’état-major occupe le château de Bousval (propriété de la famille Delhaize), tandis que la troupe s’installe aux « Sources de Bousval », à la ferme Saint-Martin ainsi que dans de nombreuses maisons particulières.
Vers 15 h, l’aviation alliée mitraille un camion de munitions allemand sur la route en face de la ferme Saint-Martin ; ses occupants parviennent à se sauver de justesse.
Toute la journée, un va-et-vient continuel agite le village jusqu’au départ du contingent allemand en début de soirée.

Lundi 4 septembre 1944

La journée est plus calme. Un cheval a été tué près de l’ancienne Pompe Esso (à côté de l’actuelle Carrosserie de Bousval) et plusieurs habitants le découpent.
Jean-Marie Vereecken, originaire de Bruxelles, résidait au N° 2 de la rue du Château ; ce lundi, il observe le camion mitraillé la veille. Survient un peloton allemand à vélo venant de Genappe. Jean-Marie est contraint, en compagnie d’un prisonnier politique évadé de la prison de Charleroi, à courir jusqu’à Basse-Laloux ; ils y sont tous deux abattus peu avant le carrefour de la rue du Château et de l’avenue des Combattants.
Leurs corps sont déposés dans l’ancien wagon servant d’abri à la station de chemin de fer toute proche.

Mardi 5 septembre

A 16 h, les premiers Américains entrent dans Bousval sur une douzaine de chars munis d’un grand butoir à l’avant et couverts de bâches oranges. « Ils firent irruption dans notre village en délire. Tous les habitants accourus à la chaussée pleuraient de joie, acclamant, fleurissant les libérateurs, les embrassant et leur offrant la bouteille religieusement conservée pour le jour de la délivrance » comme le raconte un témoin.

Mercredi 6 septembre

A 15 h, trois ou quatre motos de la brigade Piron, (militaires belges engagés volontaires auprès des Alliés) venant du Sclage ou de La Motte s’arrêtent à hauteur de l’église puis rebroussent chemin.
Ces militaires venaient de Bruxelles, ils avaient pour mission de rejoindre Court-Saint-Etienne. Arrivés au centre de Court, ils longent la Dyle jusqu’à Noirhat et remontent la route vers le Poteau.
A 9 h, la section de Bousval du Front de l’Indépendance (F.I.) a arrêté deux Allemands lors d’un accrochage avec un groupe de fugitifs qui tentait de rejoindre la ligne de chemin de fer.

Jeudi 7 septembre

Vers 10 h, treize soldats allemands descendent vers le château de Bousval et se dirigent vers le village.
Une patrouille de résistants se trouve à hauteur du passage à niveau.
Directement, les Allemands ouvrent le feu. Les résistants ripostent et, après une fusillade de cinq minutes, les Allemands se rendent, laissant un « butin » composé d’une mitraillette, un pistolet et onze fusils.
Les membres de cette patrouille sont Emile Gilbert, René Borremans, Fabien Lavry, Georges Gossiaux, Edgar Baillien, W. Marius et A. Gilbert.

Vendredi 8 septembre

A La Motte, les Américains essuient le feu d’une formation hétéroclite de fuyards allemands.
La riposte est vive et quatre très jeunes soldats de la Wehrmacht en sont les victimes. Ils sont enterrés provisoirement dans notre cimetière.

Les jours suivants

Le Bousvalien Arthur Scarnière, résistant armé, est abattu à Tervuren après la libération de notre commune. Les Américains installent de grands campements dans le bois de Thy et un aérodrome pour avions légers près de la chapelle du Try-au-Chêne.

Le 4 octobre

Les résistants armés protègent le bureau de poste où a lieu l’opération Gutt, c’est-à-dire le remplacement du papier-monnaie.

Le 11 novembre

Les résistants armés présentent les armes devant le monument aux Morts.

Les mois suivants

Vient ensuite le passage de V1 et V2, les missiles allemands envoyés sur des positions alliées stratégiques : Londres, Bruxelles et Anvers.
Aucun engin ne tombe sur le village mais, le 19 décembre, l’annonce de la contre-offensive allemande des Ardennes y fait souffler un vent de panique.
A Bousval, les Alliés minent tous les ponts sur la Dyle.
Le dépôt médical de l’armée US est déplacé de Liège à Bousval, sur le site des anciennes tanneries, à Noirhat.
Un camp de prisonniers allemands (tentes et barbelés) est installé sur un terrain le long de l’avenue des Combattants à proximité de la chapelle de Noirhat.
Il ne sera jamais occupé.

En guise de conclusion

Quelques années avant son décès, Roland Balon, prisonnier de guerre, répondait à ceux qui regrettaient la disparition progressive des anciens combattants :

« Heureusement, cela prouve que nous ne nous sommes pas battus pour rien et que nous n’avons pas souffert pour rien puisque la paix a pu se maintenir aussi longtemps ».

Puissent les jeunes garder la mémoire et la force de cette mémoire !

Puissent-ils se recueillir aux cérémonies du 11 novembre en signe de remerciement pour tous ceux qui ont donné leur vie pour la paix mais aussi en signe de vigilance contre toute tentative totalitaire !

En savoir plus :

  • les personnages dont le nom est cité font l’objet d’une notice dans le « Grand dictionnaire de Genappe », Gaston Braive, Annales historiques des régions de Genappe, Nivelles et Wavre.